samedi 30 juin 2012

Jean-Claude Mourlevat - La rivière à l'envers : Tomek

Tomek est un jeune orphelin de treize ans. Il tient l'épicerie de son village, une boutique où l'on peut trouver de tout et qui n'est jamais fermée. Mais un jour, une jeune fille y entre et lui demande s'il a de l'eau de la rivière Qjar. Tomek tombe presque instantanément amoureux d'elle mais n'a pas ce qu'elle recherche. Elle reprend sa route et lui décide de la retrouver et de l'aider à chercher cette rivière dont l'eau empêche de mourir. C'est l'occasion pour le jeune garçon de partir en voyage et de découvrir le vaste monde ; il n'a pas encore idée de toutes les aventures qui l'attendent.


J'avais tellement adoré Le chagrin du roi mort que je n'ai pas résisté à l'achat de ce roman une fois qu'on m'en a vanté les mérites. L'auteur confirme ici à mes yeux ses talents de conteur hors pair. J'ai retrouvé des thèmes qui m'avaient déjà séduite chez Mourlevat : la quête initiatique, la rencontre avec des personnages hors du commun, un enseignement empreint de sagesse distillé de manière subtile au fil du texte. Le livre est conseillé à partir de onze ans, l'intrigue est donc assez simple mais le récit recèle de poésie. On apprend à y savourer des bonheurs simples, on y trouve des moments touchants entre des personnages attachants, on en tire une jolie leçon sur la vie et le temps qui passe. J'ai encore une fois fait un très joli voyage grâce à M. Mourlevat. A la fin du roman, on se sent bien, on est conscient d'avoir vécu un moment privilégié.

– Dis-moi, grand-père Icham, as-tu déjà entendu parler de la rivière Tchar, ou Djar ...?
Le vieil homme, qui mâchouillait déjà sa barre de pâte de fruits, prit le temps d’y réfléchir, puis il répondit lentement :
– Je connais une rivière ... Qjar.
– C’est ça ! s’exclama Tomek. Qjar ! La rivière Qjar !
En le répétant, il lui sembla entendre la jeune fille le dire : “...de l’eau de la rivière Qjar.”
– Celle qui coule à l’envers ...continua Icham.
– Celle qui ...quoi ? bredouilla Tomek, qui n’avait jamais entendu parler d’une chose pareille.
– Qui coule à l’envers, articula Icham. La rivière Qjar coule à l’envers.
– A l’envers ? Qu’est-ce-que tu veux dire ? fit Tomek, les yeux écarquillés.
– Je veux dire que l’eau de cette rivière monte au lieu de descendre, mon petit Tomek. Ça t’en bouche un coin, ça !

Icham éclata de rire en voyant la tête que faisait son jeune ami, puis il eut pitié de lui et commença à expliquer :
– Cette rivière prend sa source dans l’océan, tu comprends ? Au lieu de s’y jeter, elle en sort. Un peu comme si elle aspirait l’eau de la mer.
À son début, elle est large comme un fleuve. On dit qu’à cet endroit-là des arbres étranges poussent sur ses rives. Des arbres qui s’étirent le matin et poussent des soupirs le soir. Et il y aurait là des variétés d’animaux tout à fait inconnues ailleurs.

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