mardi 28 mai 2013

Romain Gary - Clair de femme

Michel vient de quitter sa femme Yannik, atteinte d'un cancer, à la demande de celle-ci : "Je vais disparaître, mais je veux rester femme. Je te serai une autre. Va vers elle. Va à la rencontre d'une autre patrie féminine. La plus cruelle façon de m'oublier, ce serait de ne plus aimer." C'est ainsi que Michel rencontre Lydia, il se heurte à elle en sortant d'un taxi. Il s'accroche à elle parce qu'il veut être fidèle aux dernières volontés de Yannik.



J'ai lu Clair de femme sur les dithyrambiques conseils d'Antoine. Mais il n'est pas toujours bon de commencer un livre en se disant : "je vais lire un livre génial" parce qu'on court le risque d'être déçu. Je suis ressortie de cette lecture assez mitigée. Le personnage de Michel est complètement fou (de douleur certes mais aussi fou tout court). Je n'arrive pas à adhérer à son discours même si j'ai souvent trouvé qu'il dit de belles choses. Du coup, j'ai préféré Lydia, plus belle et plus lucide dans sa douleur. C'est un livre étrange, trop emphatique et de ce fait qui m'a paru souvent peu subtil et maladroit (en premier lieu, il y a cette volonté de Yannik, qui me paraît totalement inconcevable ; puis cette rencontre, bien peu vraisemblable elle aussi). J'ai eu du mal à adhérer à cette vision de l'Amour en tant qu'essence plus importante en soi que les personnes qui la vivent. Pour moi, le couple, ce sont deux êtres qui s'aiment et s'il y a Amour, c'est parce qu'il y a ces deux êtres donc ce n'est pas un sentiment qui peut se transposer comme ça d'une personne à une autre. Or, on a l'impression que c'est ce que Michel fait. C'est pour ça qu'à mes yeux, Michel n'est pas crédible. Toutefois, à travers ses imperfections, ce livre touche quelque chose de très juste. Dans ce qui lie et qui sépare à la fois Michel et Lydia, il y a l'abîme qui peut exister entre un homme et une femme. Un livre qui nourrit la réflexion mais qui m'a moins touchée que ne l'avaient faits La vie devant soi, La promesse de l'aube ou Les Enchanteurs qui -je pense- valent davantage la peine d'être lus.

Elle reviendra. Bien sûr, elle ne sera plus tout à fait la même. Elle aura un autre regard, un autre physique. Elle s'habillera autrement, quoi. Il est normal, naturel, qu'une femme change. Qu'elle change d'apparence, qu'elle ait des cheveux blancs, par exemple, une autre vie, d'autres malheurs. Elle reviendra. Bon, il se peut que je chante seulement dans la nuit pour me donner du courage. je ne sais plus très bien. Je suis un peu sonné. Je t'ai appelé et je te parle parce que je suis incapable de penser, et les mots sont justement là pour nous dépanner. Les mots sont des espèces de ballons d'air qui te permettent de monter à la surface. Je te téléphone pour essayer de me trouver au bout du fil. Yannik n'est plus là et tout autour de moi est devenu femme. Ce n'est pas fini. Je ne suis pas fini. Quand un homme est fini, cela veut dire surtout qu'il continue.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire