jeudi 12 juillet 2012

Sofi Oksanen - Purge

1992. Zara débarque en Estonie chez la vieille Aliide Truu. Cette jeune prostituée en fuite cherche refuge ici parce qu'elle n'a nulle part ailleurs où aller. Elle conserve sur elle une photo de sa grand-mère quand elle était jeune, elle se tient à côté d'Aliide. Ne pouvant raconter sa véritable histoire, elle s'invente un mari qui la recherche et auquel elle essaie d'échapper. Aliide accepte de lui venir en aide.


J'ai beaucoup entendu parler de ce livre, le plus souvent en ces termes : un livre dur mais qu'il faut lire. Effectivement. Cette histoire est terrible. Au fil des pages, on découvre progressivement la vie d'Aliide et de Zara. Deux destins de femmes plus proches qu'il n'y paraît à première vue. J'ai mis un peu de temps à rentrer dans le livre : le long face-à-face entre les deux femmes, le temps que la confiance s'installe, j'ai trouvé cela un peu long. Et puis passées les cent premières pages, les pièces du puzzle se mettent en place et j'ai été happée par l'intrigue aussi envoûtante que terrifiante. Aliide, jalouse de sa sœur aînée dont elle aime le mari en secret, sera prête à tout pour obtenir ce qu'elle veut. La toile de fond historique sert les desseins d'Aliide. Ce livre ne s'encombre pas d'eau de rose : dans un monde hostile et sans merci, Aliide est prête à tout pour survivre coûte que coûte. Le style de l'auteur est à l'image du personnage d'Aliide : incisif et sans concessions. Et malgré le côté antipathique de ce personnage, on s'attache malgré tout à la vieille femme, on la comprend dans une certaine mesure. En même temps, c'est un livre passionnant parce qu'il nous donne à voir les conditions de vie en Estonie dans la seconde moitié du XXème siècle avec l'influence de l'Allemagne et de l'URSS.

L’herbe qui chatouillait le pied de Zara était la caresse de sa grand-mère, le vent dans les pommiers était le chuchotement de sa grand-mère, et Zara avait l’impression de regarder les étoiles par les yeux de sa grand-mère, et quand elle rabaissa le visage, il lui semblait que le jeune corps de sa grand-mère se tenait à l’intérieur du sien, en quête d’une histoire qu’on ne lui avait pas racontée.

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