mercredi 13 juin 2012

Boileau-Narcejac - Sans Atout et le cheval fantôme

François Robion, dit Sans-Atout, est un jeune lycéen parisien qui est très attaché au château de Kermoal. La grande bâtisse bretonne qui appartient à son père est le théâtre de souvenirs d'enfance qui lui sont chers. Mais le château est vieux et tombe en ruines, et Monsieur Robion songe à le vendre car les travaux coûteraient trop cher. François est bien décidé à tout faire pour que ce projet ne se réalise pas. De retour en Bretagne, il retrouve les Jaouen (les gardiens du château) qui sont inquiets. Un étrange phénomène se produit tous les soirs à minuit à Kermoal : un cheval invisible vient jusque sous les fenêtres puis repart. Il laisse par endroits des empreintes de pas. Tandis que François est bien décidé à découvrir ce que cache ce mystère, il fait visiter le château à d'éventuels acquéreurs.

Ce livre a longtemps trôné dans la bibliothèque chez mes parents mais je n'avais jamais eu envie de le lire. Et puis comme j'avais des Cinquièmes en groupe de lecture et que cette série était disponible au collège, j'ai tenté. C'est un livre qui me rappelle mes lectures de jeune ado : une enquête à mener, un jeune garçon dégourdi, un mystère à première vue surnaturel à élucider... Les ingrédients classiques d'un roman jeunesse. J'ai bien aimé cette lecture : Sans-Atout est un personnage plutôt sympathique et le suspense est mené de façon à  nous amener vers un scénario qui présente peu de surprises mais qui reste efficace. Je regrette juste qu'on reste un peu trop à la surface des personnages ; j'aurais aimé que notre héros soit un peu plus complexe... et aussi qu'il y ait un peu de personnages féminins charismatiques. Parce que tout de même, le roman date des années 1970 et bonjour les stéréotypes ! Madame Robion et Madame Jaouen sont respectivement la maman poule et la parfaite maîtresse de maison, incarnations idéales de la femme dévouée à son foyer. Une touche de subtilité dans le traitement psychologique (et un peu de parité) aurait donc été la bienvenue.

Sournoisement, le cahier avait disparu. Comme ces bêtes de la mer qui prennent la couleur du sable ou des rochers, il s’était camouflé en cahier de maths, ou en cahier de textes. Un jour, le professeur de François avait improvisé un long développement sur l’ordre et avait conclu en disant :
« L’ordre, c’est, dans la vie, le meilleur atout ! »
Et François avait été aussitôt surnommé « Sans Atout ». Le sobriquet lui avait plu. D’abord, il avait valeur d’excuse. « OEil de Faucon », cela signifie qu’on a une vue perçante... « Nez de cuir », qu’on a un morceau de cuir à la place du nez... Et « Sans Atout », qu’on est privé de cette qualité maîtresse, de cet atout maître, l’ordre. C’est ainsi. On n’y peut rien. Inutile de s’appliquer, de faire un effort. Sans Atout on est, Sans Atout on reste !
Mais attention ! Sans Atout, cela veut dire autre chose. Quand on joue aux cartes et qu’on a en main les as et les figures, quand on est par conséquent sûr de gagner, on déclare : Sans Atout. Et on fait tous les plis. François, doué d’une intelligence exceptionnelle, était premier partout, ou presque. A quinze ans, il dominait sans effort la classe de première, et quand ses camarades l’appelaient Sans Atout, c’était avec indulgence et admiration. En revanche, à la maison, on continuait à le traiter de gamin.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire