mercredi 2 mai 2012

Ruta Sepetys - Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre



Ce livre m'a séduite par sa couverture qui annonce la couleur : les camps, le froid, l'espoir ; un récit bouleversant en perspective. Lina est une jeune Lituanienne de seize ans. Elle vit avec ses parents et son petit frère de dix ans, Jonas. Le père est professeur à l'université et Lina fait preuve d'un talent de dessinatrice exceptionnel. Elle doit intégrer une école d'art. Mais par un soir de 1941, le NKVD débarque et ordonne à la famille de réunir le nécessaire dans une valise. Le père est absent mais Lina le revoit furtivement avant qu'ils soient définitivement séparés. Il lui fait promettre de continuer à dessiner et lui dit qu'il reconnaîtra toujours sa signature, cela lui permettra de savoir qu'elle va bien, où qu'elle soit. Lina, sa mère et son frère vont ensuite être emmenés avec des centaines d'autres personnes. Entassés dans des wagons à bestiaux, ils vont passer six semaines dans un train, ignorant où on les emmène. Lina fait la connaissance d'Andrius, un jeune homme de dix-sept ans avec qui elle se lie d'amitié. Survivant dans des conditions à peine imaginables, Lina dessine ce qui l'entoure, pour mettre des images sur l'indicible, espérant aussi que son père recevra ses messages, et surtout qu'il aille bien. Déportés en Sibérie, ceux que le NKVD traite de "fascistes" doivent travailler une terre aussi dure que la pierre, à peine traités comme des humains, recevant tout juste de quoi subsister.

Je fermai la porte des toilettes et entrevis mon visage dans la glace. Je n'avais pas la moindre idée de la vitesse à laquelle il allait changer, se faner. Si je l'avais seulement pressenti, j'aurais fixé avec attention mon image, j'aurais essayé de la mémoriser. C'était la dernière fois que je pouvais me regarder dans un véritable miroir ; je n'en aurais plus l'occasion avant une décennie, et même plus.

J'ai aimé dans ce livre en apprendre un peu plus sur la déportation des populations Baltes durant la Seconde Guerre Mondiale. L'auteure est la fille d'un réfugié lituanien qui a eu la chance de pouvoir quitter le pays mais elle a choisi de s'intéresser à ceux qui avaient été déportés, elle a recueilli beaucoup de témoignages pour faire entendre leurs voix. C'est une entreprise tout à fait louable mais je n'ai pas été véritablement transportée par le roman. Parce que j'ai eu justement le sentiment que le récit peinait à trouver le ton juste entre le témoignage et l'histoire romancée. Ruta Sepetys a choisi de raconter l'histoire du point de vue de Lina et il y a de jolis passages, notamment dans le va-et-vient entre l'existence de Lina déportée et sa vie d'avant. J'ai aussi trouvé touchants les moments où est évoqué son rapport au dessin et à Munch. Mais à mes yeux, le style n'est pas suffisamment travaillé alors que le propos était d'une densité qui promettait pourtant de belles pages. Un joli roman, mais pas inoubliable pour autant et qui n'a pas satisfait à mes attentes.

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