lundi 12 décembre 2016

Stephen King - Joyland

Devin Jones a vingt-et-un ans quand il débarque pour la première fois pour un job d'été à Joyland, le parc d'attractions de Heaven's Bay près de Wilmington. Il y découvre le monde forain et se débrouille plutôt bien. Il se lie d'amitié avec Erin et Tom, deux jeunes de son âge qui sont saisonniers comme lui. Il apprend alors qu'un crime a été commis dans La Maison de l'Horreur. Une jeune femme a été assassinée par un tueur en série qui n'a jamais été arrêté. Fasciné par cette histoire, jaloux de son ami Tom qui a vu le fantôme, Devin prolonge son contrat après la saison d'été. Il se lie aussi d'amitié avec un garçon de 11 ans, Mike Ross, atteint de myopathie, et avec sa mère, Annie.


J'ai aimé ce Stephen King, qui est plutôt un roman d'apprentissage avec une teinte légère de fantastique. Le personnage de Devin est attachant (mais un peu trop gentil, ai-je pensé à certains moments). J'ai aussi beaucoup aimé Mike, et du coup je trouve qu'il arrive tard dans le livre, que la relation très chouette entre lui et Devin est sous-exploitée. L'autre aspect du livre très intéressant, c'est le monde de la fête foraine vu de l'intérieur. C'est un livre que j'ai eu plaisir à retrouver, sans doute pas le meilleur de Stephen King mais un bon roman avec des personnages touchants.

mercredi 30 novembre 2016

Catherine Grive - Je suis qui je suis

L'adolescence n'est pas le moment de la vie le plus simple. Raph' en fait l'expérience, à travers le sentiment d'un chagrin persistant mais dont elle ne parvient pas à déterminer la cause. Alors que les vacances d'été commencent, l'ennui s'étire en longues journées désœuvrées où elle vole du courrier dans la boîte aux lettres des voisins. Ses parents lui répètent sans cesse de faire du tri dans sa chambre et sa mère est enceinte ; la solitude est de plus en plus pesante. Jusqu'au jour où elle rencontre Sarah qui va mettre un peu de soleil dans son existence.

J'ai trouvé ce roman pour ados intéressant et plein de sensibilité. On ressent bien le désarroi de Raph, on compatit à ce chagrin sans cause. La difficulté de communiquer avec les parents est rendue avec justesse ainsi que le vide qu'on peut ressentir à un âge où on se situe à mi-chemin entre l'enfance et l'âge adulte. Le livre ne se fait ni moralisateur, ni débordant de bons sentiments et ça, ça fait du bien. Il donne à voir le mal-être et les tâtonnements maladroits de Raph pour s'en extirper. La fin aussi m'a touchée, avec une petite lueur d'espoir, juste ce qu'il faut. Une lecture que je conseille, qui invite à la réflexion.

dimanche 27 novembre 2016

J.K. Rowling - Harry Potter et l'enfant maudit

La première fois que j'ai entendu parler d'une suite d'Harry Potter sous forme d'une pièce de théâtre, j'ai naïvement pensé qu'il s'agirait d'un huis-clos intimiste entre Harry et son fils, une sorte de réflexion philosophique sur l'existence, le poids de la filiation... Je me trompais : la pièce a l'envergure d'un roman car le récit est foisonnant ; du coup l'emballage m'a paru frustrant et plutôt incongru. L'histoire reprend au moment de l'épilogue des Reliques de la Mort. Harry et Ginny Potter accompagnent leurs enfants sur le quai de la voie 9 3/4. Le jeune Albus Severus a des difficultés relationnelles avec son père et cela va l'amener à faire des choses qu'il n'aurait pas dû faire.


Je ressors enthousiaste de cette lecture, mais c'est surtout dû au plaisir d'avoir retrouvé l'univers de Harry Potter. Le fait que je n'aie pas relu les anciens livres depuis un moment joue aussi en ma faveur. Du coup, ce dernier opus souffre moins de la comparaison avec la saga. J'ai été convaincue par l'histoire dans l'ensemble, même si certains personnages m'ont semblé ratés car caricaturaux au possible : Ron notamment que j'ai trouvé sans intérêt. Albus n'est pas sympathique, ce qui est gênant pour un héros. Enfin Harry Potter : là j'ai beau savoir que dix-neuf ans ont passé, je trouve qu'il a rudement changé et pas en bien. Les difficultés de communication qu'il a avec son fils manquent de contextualisation, l'un comme l'autre ils s'y prennent comme des manches, à tel point que ça en devient risible. Cette histoire de rumeur sur Scorpius étant le fils de Voldemort, je n'ai pas compris non plus tellement ça me paraissait cousu de fil blanc. A la fin de la première partie, j'étais horrifiée : "ne faites pas d'enfants, ce sont d'horribles boulets qui se rendront responsables de l'apocalypse" semblait être le message transmis par J. K. Rowling. Bon, il n'empêche que j'étais accrochée et que j'ai dévoré l'histoire. Ces retours dans le temps étaient un peu tirés par les cheveux mais j'ai trouvé que l'ensemble fonctionnait bien. J'aurais toutefois préféré un roman, cela aurait laissé davantage d'espace pour l'histoire afin qu'elle puisse se déployer, aussi bien dans l'humour que dans les moments plus dramatiques. Et je suis vraiment intriguée à propos de ce que ça peut donner sur scène tant il y a de décors et de didascalies qui me semblent impossibles à représenter visuellement.

mercredi 23 novembre 2016

Yaël Hassan et Rachel Hausfater - Perdus de vue

Anne-Sophie répond à une annonce à la bibliothèque pour faire la lecture à une vieille dame durant les vacances d'été. Mais lorsque sa tante lui propose d'aller passer un mois en Espagne, elle confie cette tâche à Sofiane, qui en pince pour elle. De ce concours de circonstances va naître une amitié inattendue : entre Sofiane et Régine, le courant passe presque immédiatement malgré leur différence d'âge et leurs milieux sociaux très différents.


J'ai trouvé plutôt sympa ce livre écrit à quatre mains. L'histoire est assez invraisemblable mais on a envie de croire à la jolie complicité qui se noue entre la vieille dame et le jeune franco-tunisien. Le style un peu trop empreint de bons sentiments est parfois irritant mais le récit se lit bien. Je pense qu'il gagnerait à être un peu moins lisse. Il n'y a pas vraiment de surprises : on sait très vite comment les choses vont tourner. Les moindres péripéties sont balayées de manière rassurante, du coup j'ai le sentiment qu'on reste en surface, qu'on n'aborde pas de vrais problèmes alors que les personnages ont des aspérités qui auraient pu être mieux exploitées. C'est un peu dommage.

lundi 21 novembre 2016

Jérôme Bourgine - Mots pour maux

Le monde s'écroule pour Julian, 13 ans, lorsque sa mère débarque un jour au collège. Elle lui apprend que son père s'est tué dans un accident de voiture. La tristesse, l'incompréhension et le désespoir l'assaillent, jusqu'au jour où il découvre sur son ordinateur une vidéo laissée par son père à son intention.


Le sujet n'est pas très joyeux mais ce n'est pas ce qui m'a rebuté dans ce livre. Je trouve qu'on sent vraiment trop qu'il est écrit par un adulte. Du coup, c'est dégoulinant de bons sentiments plaqués, de morales au rabais du genre : "la mort, c'est triste mais il faut aller de l'avant" ou encore "il faut profiter de la vie et des bons moments". L'emballage est donc assez grossier, même si l'intention est louable. Le livre dit des choses vraies, transmet des idées plutôt saines, mais avec de tels gros sabots et une telle maladresse qu'on n'y croit pas une seconde. C'est dommage.

samedi 19 novembre 2016

Stephen King - Le singe

Dans le grenier de la maison, les enfants de Hal Shelburn trouvent un vieux singe mécanique dans un carton moisi. Ils ont très envie de le garder. Hal, lui, est tétanisé. Il reconnaît ce jouet grimaçant et inquiétant qui a jeté une ombre sur son enfance. Apparemment cassé, il répand son aura maléfique quand ses cymbales se mettent à retentir dans un dzing dzing funeste. Qui sera sa prochaine victime ? Telle est la première question que se pose Hal. Puis vient la seconde : comment faire pour s'en débarrasser définitivement avant qu'il ne soit trop tard ?


Cette nouvelle nous entraîne dans un univers fantastique classique, flirtant avec l'épouvante. Le récit est raconté du point de vue de Hal, le héros, assez éprouvé psychologiquement. On se demande au début s'il n'est pas victime d'hallucinations mais les faits qu'il évoque semblent lui donner raison. Le singe est inquiétant à souhait, les flash-back nous font basculer progressivement dans l'horreur. Du fait de la brièveté du récit, le talent de King s'exprime de manière condensée (et donc un peu frustrante, je préfère le voir se déployer dans des romans). Mais le lecteur trouve son compte de frissons. Un récit sans grande surprise mais efficace.

dimanche 13 novembre 2016

Paula Hawkins - La fille du train

Rachel ne va pas bien. Dépressive et alcoolique, elle ne se remet pas du départ deux ans plus tôt de Tom (son ex-mari) qui a refait sa vie avec une autre : Anna. Alors chaque jour, dans le train qui l'emmène à Londres, elle passe devant le quartier où elle vivait avec lui. Non loin de son ancienne maison, elle a repéré un jeune couple qui est l'image même du bonheur. Elle les a baptisés Jason et Jess. Ils représentent ce qu'elle idéalise, ce qu'elle a perdu, ce qu'elle désire retrouver. Sauf qu'un jour, elle aperçoit Jess avec un autre homme. Lorsqu'elle découvre quelques jours plus tard le visage de la jeune femme dans les journaux (celle qui s'appelle en réalité Megan est portée disparue),  Rachel décide de se mêler de cette histoire.


Le livre est plutôt bien construit : il s'agit de trois femmes, trois protagonistes essentielles de l'histoire, qui prennent à tour de rôle la parole sous une forme proche de celle du journal intime, décliné en deux moments de la journée : "matin" et "soir". Cela permet à l'auteure de développer trois points de vue internes. J'ai trouvé cela pas mal parce que Rachel est une jeune femme touchante mais vraiment déprimante et je dis cela sans mépris aucun car j'ai ressenti beaucoup d'empathie pour elle. Mais vraiment, le fait est qu'elle est complètement enlisée dans ses problèmes et le passage à d'autres personnages est le bienvenu. Il l'est d'autant plus que cela permet de se faire une idée plus précise de la situation à partir de la confrontation des points de vue. J'ai eu du mal à lâcher le roman une fois dedans, on s'attache à Rachel et on a envie de connaître le fin mot de l'histoire qui se dessine progressivement et efficacement. J'ai aimé ces trois portraits de femmes, chacune vulnérable à sa façon. L'histoire a un côté convenu mais le fait de l'aborder de cette manière apporte un éclairage nouveau, un peu sociologique, sur les rapports hommes-femmes. Un bon roman.
L'adaptation cinématographique est plutôt fidèle au livre, les trois actrices crèvent l'écran et l'empathie est au rendez-vous. C'est un beau film qui m'a permis d'approfondir la réflexion engagée par la lecture du roman. A voir donc.